Une caméra 360 sous les étoiles. Est-il possible d’utiliser une caméra 360 grand public, type Insta360 ONE X2, pour capturer la totalité de la voute céleste ? Je vous propose ici d’examiner cet usage (particulièrement intéressant pour les astrophotographes), et d’étudier les questions qui se posent, notamment sur les réglages les plus appropriés.
CONTEXTE
La voute céleste est une demi-sphère qu’il n’est pas aisé de capturer en totalité avec un appareil photo standard. Avec ce type de matériel, l’approche consiste à suivre la méthode de création de panoramique en plusieurs captures – voir le Guide de la Panoramique. Le nombre de captures nécessaires dépend de la focale utilisée, sauf à disposer d’un objectif fisheye, il faudra une dizaine d’images qui doivent ensuite être assemblées pour constituer une image unique. Cet assemblage n’est également pas simple à faire, les points de jonction entre les images étant des éléments ponctuels, les étoiles.
Dans ces conditions, il apparait clairement que la possibilité de capturer la totalité de la voute en une seule prise est une idée très séduisante. Les caméras 360 semblent ainsi trouver un nouvel usage. Cependant, sans grande surprise, on peut déjà affirmer – étant donnée la résolution actuelle des caméras 360 grand public – que ces images vont présenter l’intérêt majeur de couvrir la totalité du ciel en une seule capture, et ainsi très simple à réaliser, mais vont souffrir en même temps de plusieurs inconvénients majeurs : la résolution limitée et le comportement en basse lumière largement perfectible. Gageons que l’évolution des caméras 360 dans les années à venir permettra de combler – au moins partiellement – les lacunes soulignées ici.
QUELQUES EXEMPLES
Avant d’examiner plus en détails l’influence des réglages de sensibilité et du temps d’exposition, je vous propose ici quelques exemples extraits d’une image 360 de ONE X2 unique.
Voie lactée
Le champ large permet de représenter la voie lactée sur sa longueur, elle est parfaitement perceptible malgré la pollution lumineuse et la compacité de la ONE X2. Je trouve que le résultat est malgré tout intéressant surtout si l’on considère qu’il s’agit d’une caméra grand public qui n’est pas destinée à l’astrophoto. A signaler encore la facilité de mise en oeuvre pour obtenir une telle image.
Jupiter et la voie lactée
Dans cette vue plus resserrée, la voie lactée est à nouveau visible, un peu moins car plus proche de l’horizon et des zones avec pollution lumineuse. On y distingue également la planète Jupiter. La résolution est assez basse, il faudra attendre quelques années pour que les caméras 360 grand public puissent délivrer des images en haute résolution de ce type de vue.
Voute céleste complète
L’exemple qui illustre cet article a été capturé à la campagne, à quelques kilomètres de petites villes, ce qui explique la pollution lumineuse visible à l’horizon, tout en ayant la voie lactée perceptible.
QUELS REGLAGES CHOISIR ?
Pour cet usage très poussé, la question se pose du choix des meilleurs réglages. Dans la suite, j’examine l’influence de la sensibilité du capteur et du temps de pose. L’exemple qui suit permet de se faire une première idée (note : ne pas tenir compte de la lumière bleutée qui est issue de l’indicateur de fonctionnement de la ONE X2. En condition réelle, on prendra soin d’orienter cet indicateur vers le sol afin que sa lumière ne soit pas perceptible dans la voute celeste).
Dans cette planche, nous pouvons comparer ici l’influence des deux paramètres : la sensibilité et le temps d’exposition.
SENSIBILITE
Examinons maintenant la variation de ce paramètre selon les valeurs 400 ISO, 800 ISO, 1600 ISO et 3200 ISO, qui est la valeur maximale possible avec la caméra Insta360 ONE X2.
La valeur maximale de la sensibilité donne des images très bruitées et avec un contraste réduit par rapport aux valeurs de sensibilité plus basse. Ce phénomène n’est pas propre à la caméra ONE X2, en général les constructeurs donne accès la sensibilité la plus poussée, laquelle donne des images quasi inexploitables.
Série sur un détail sans correction d’exposition :
Série sur un détail avec correction d’exposition :
Dans ces planches, nous retiendrons que le choix de sensibilité devra se porter au maximum sur 800 ISO ou 1600 ISO.
TEMPS DE POSE
La règle empirique dite “500” donne le temps d’exposition à ne pas dépasser pour garder des étoiles ponctuelles. Au delà, les étoiles deviennent un mini trait.
Le temps de pose maximum est défini par 500 divisé par la focale (exprimée en mm). Pour la ONE X2 dont la focale est de 7,2mm, le temps de pose max serait de 69 secondes.
Série sur un détail sans correction d’exposition :
Série sur un détail avec correction d’exposition :
Comme on peut le voir dans la série ci-dessus, les étoiles sont ponctuelles jusqu’à 60 secondes. Dans l’image à 100 secondes, les étoiles commencent à être des tirets.
Dans le cas où l’image est destinée à être fusionnée avec d’autres images similaires pour créer un filet des étoiles, le temps de pose de 100 secondes est utilisable.
En revanche, si l’image est destinée à être exploitée seule, que l’on s’attends à ce qu’elle représente la réalité, alors il conviendra de ne pas sélectionner un temps de pose supérieur à 60 secondes.
CONCLUSION
Les caméras 360 pour le grand public du moment, type Insta360 ONE X2, permettent de capturer des images du ciel nocturne. Il est encore trop tôt pour obtenir des images en haute définition.
Au niveau des réglages, il faudra éviter les sensibilités maximales de la caméra. Pour la ONE X2, on se limitera à 800 ISO, voir 1600 ISO. Pour le temps de pose, le maximale sera de 60 secondes pour une image unique, et pourra aller au delà pour des filets d’étoiles.